Les Éditions du Cerisier
Petites, mais obstinées,
les Editions du Cerisier cherchent,
avant tout, à rendre publics les livres
qui relatent, imaginent, témoignent
des peuples, de leurs cultures,
de leurs luttes, de leurs libertés…
Créées en 1985, les Editions du Cerisier sont nées de la volonté du Théâtre des Rues de laisser une trace : le texte théâtral est voué à l’oubli lorsque les représentations prennent fin s’il n’est pas prolongé par l’écrit. Les deux premières publications des Editions du Cerisier sont donc consacrées à des textes de spectacles du Théâtre des Rues. C’est la rencontre avec Girolamo Santocono et la publication de son roman « RUE DES ITALIENS » en 1986 qui a orienté la suite de la démarche, et nécessité la constitution en société coopérative en 1987.
Les Editions du Cerisier sont donc issues du Théâtre des Rues, qui écrit et joue ses propres textes, et qui cherche à développer une culture populaire étroitement liée à la réalité sociale dans laquelle il est implanté. Les Editions du Cerisier veulent, au niveau de l’écrit, remplir un rôle similaire : publier une littérature populaire de qualité en rapport avec des préoccupations sociales contemporaines, et susceptibles d’accroître le champ social de la lecture. Jean Delval est l’administrateur délégué des Editions du Cerisier. Il s’exprime ici à titre personnel mais avec le but que son engagement, ici énoncé sous forme d’intitulés, ouvre à d’innombrables déclinaisons et débats.
Comment vivez-vous le confinement ?
Ce qui est appelé communément - et finement, je le reconnais - confinement, je l’appelle « assignation à domicile administrative » signifiée à tous et toutes par décret, sans jugement (et même sans jugeote). Faut-il vous dire qu’intellectuellement et politiquement je considère cette manière de gouverner comme d’espèce dictatoriale, contrevenant aux libertés fondamentales garanties par la séparation des pouvoirs, antinomique à la démocratie et porteuse de dérives économiques et sociales insondables. Tout cela en installant au passage un climat de terreur bienvenu pour les possédants, soigneusement entretenu par l’appareil répressif, et créant un sentiment paralysant d’apocalypse dont les conséquences mentales et sociétales sont, elles aussi, inimaginables. A contrario, je m’en félicite parce que cela me laisse l’opportunité de montrer du doigt une gestion politique, économique, culturelle et sociale - de longue date, mais très intense ces dernières années - dont toute la médiocrité, l’imprévoyance et la déliquescence ne peuvent plus échapper à grand monde. Puissions-nous être assez déterminés pour reprendre en 2021 le fil de la Commune de 1871 et aboutir, cette même année, à l’abolition du capitalisme à l’image de l’esclavage aboli en 1851. Peut-être pourrions-nous ainsi fêter l’avènement de l’an 1 après la barbarie.
Et plus concrètement ?
La graphiste, qui est employée, a été placée en chômage temporaire, après avoir été en télétravail. Les lecteurs, lectrices, administrateurs et administratrices, non rémunérés, poursuivent normalement leurs activités, notamment de corrections de manuscrits et de préparation des futures publications. Aucun projet n’a été annulé. Seules, et en raison de l’arrêt complet du spectacle vivant, les publications de textes théâtraux dans la Collection Théâtre-Action, peuvent être mises en veille. Mais si la réalisation des spectacles devait être arrêtée, il est vraisemblable que les publications le seraient aussi.
Voyez-vous malgré tout une opportunité à ce temps suspendu ?
Nous utilisons une partie du temps libéré par l’absence de commandes, de facturations et de livraisons, pour établir un recensement approfondi des librairies francophones de Belgique et des librairies françaises ; en tout premier lieu, celles avec lesquelles nous avons de fréquentes ou d’épisodiques relations (+ ou - 500), et ensuite, celles qui ne nous connaissent pas encore. Nous les invitons lors de leur réouverture à mettre en évidence, promotion financière à la clé, l’ouvrage de Olivier Bonfond (publié bien avant l’apparition de la pandémie) : « Il faut tuer TINA - 200 propositions pour lutter contre le fatalisme et changer le monde », qui a répondu anticipativement aux interrogations multiples et diverses sur l’avenir à donner aux relations humaines, sociales et économiques, sérieusement troublées par la pandémie. Manière de signifier que nous n’avions pas besoin du coronavirus pour avoir conscience des méfaits de l’impérialisme économique que le libéralisme exerce à l’encontre de l’humanité et que les tentatives des pouvoirs publics, toutes tendances gestionnaires confondues, pour sauvegarder une apparence de santé publique, sont non seulement pathétiques, mais criminogènes.
Prévoyez-vous des conséquences, à terme, sur votre politique éditoriale ?
Aucune conséquence. Un événement – oserai-je dire un événement incongrument monté en épingle - n’est pas de nature à modifier une politique éditoriale affirmée depuis 35 ans et toute tournée vers une critique radicale, tant par la fiction que par les sciences humaines, des mécanismes sociaux, politiques, économiques et culturels qui se targuent de gouverner… Il ne peut que la renforcer. Sauf si une répression décrétale et des atteintes aux libertés de circulation, notamment, entravaient pour longtemps la distribution et la diffusion du livre. Dans ce cas, notre étranglement serait financier, mais nous nous inventerions à coup sûr d’autres moyens de résistance.
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