La Lettre volée

Fondées à Bruxelles en 1989, les éditions de La Lettre volée proposent, à travers diverses collections, une réflexion destinée à un public élargi sur les enjeux éthiques et esthétiques de la société, de la culture et de l’art contemporains. Résolument tournés vers l’international, ils tendent à conjuguer le plaisir de la main, de celui l’œil et de l’esprit.

Daniel Vander Gucht, fondateur de la maison avec Pierre-Yves Soucy et Louis Jacob, a répondu à nos questions.

Comment vous et votre équipe vivez le confinement ?

Le travail éditorial proprement dit a pu continuer et nous avons même pu prendre un peu d’avance (ou résorber un peu du retard accumulé) dès lors que toutes nos forces ont été concentrées sur cet aspect du travail d’éditeur au détriment des aspects commerciaux de notre activité qui ont été stoppés net dès l’annonce de la fermeture des librairies.

Quels projets la situation sanitaire a-t-elle mis en péril, reporté ou annulé ?

Il est clair que la fermeture des librairies et de toute la chaîne de diffusion et de distribution a gravement compromis la commercialisation de toutes nos nouveautés depuis le mois de février dès lors que les livres mis en place en librairie avant le confinement n’ont pas pu toucher leur public et seront sans doute enlevés des tables et retournés aux éditeurs dès la réouverture des librairies pour faire place aux nouveautés et ceux qui devaient être commercialisés durant la période de confinement ne le seront qu’au mois de juin, juillet ou août — qui ne sont pas les meilleurs mois pour nos ouvrages. En outre le carambolage des nouveautés annoncées pour le printemps et retardées jusqu’à l’été concurrencées par les nouveautés prévues d’emblée pour l’été sera préjudiciable aux commandes et aux ventes des unes comme des autres. Enfin, outre ces titres littéralement sacrifiés, nous devrons sans doute produire un peu moins de titres que prévu cette année et l’année prochaine, ce qui va faire des malheureux parmi les auteurs ainsi écartés malgré eux, et générer une trésorerie en difficulté et un chiffre d’affaire en berne pour cette année au moins.

A l’inverse, avez-vous mis à profit la situation pour entreprendre de nouvelles initiatives ?

Cet épisode nous a incités à concrétiser de nouvelles manières de communiquer et de promouvoir nos livres via des plateformes et des réseaux sociaux en ligne et aussi à élargir notre offre de vente par correspondance, même si rien ne remplace les services offerts par les librairies physiques qui sont nos meilleurs partenaires pour recommander nos ouvrages.

Quelles conséquences prévoyez-vous à terme sur votre politique éditoriale ?

Nous espérons que cette crise ne sera qu’un épisode passager dans la crise bien plus profonde et structurelle que connaît actuellement le marché du livre : disparition des librairies indépendantes et érosion constante des ventes, concentration des groupes tant au niveau de l’édition que de la diffusion et de la distribution rendant toujours plus difficile et aléatoire la survie des petits éditeurs indépendants, etc. 

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